Riordan errait, en direction des montagnes. Son pas trébuchant dans la neige fraîche l'empêchait d'être aussi rapide qu'il aurait voulu. Son idée fixe: fuir. Fuir le manoir, la ville, la région, le pays tout entier. Il lui fallait fuir cet endroit maudit.
Il était exténué, et repoussait tant que possible le sommeil, qui le livrerait certainement à ceux qu'il fuyait. Ou pire, en ce début d'hiver, dormir à la belle étoile dans la montagne était un synonyme certain de mort, et il ne pouvait pas se permettre de mourir. Il fallait qu'il prévienne quelqu'un, mais qui?
Trois heures plutôt, alors qu'il venait d'entrer dans la montagne, sa monture s'était abattue sous lui, et, la mort dans l'âme il avait dû l'achever. La bête était si fatiguée qu'elle n'avait pas remarqué la crevasse, et s'était casée la patte.
Depuis, il marchait seul, dans la poudreuse, remerciant le ciel de ce que la neige tombante recouvrerait ses traces d'ici à ce qu'on le cherche.
Le jour était sur le point de se lever; il devait bien être huit heures, et sans doute, quelqu'un aurait été lancé à sa recherche... mais si ils le savaient dans les montagnes, sans doutes ne chercheraient ils pas plus loin. On le considèrerait comme mort, et on n'irait pas se metre en danger pour un cadavre... le dernier, il était le dernier.
A ce stade, les émotions se mêlaient en lui, peur, haine, froid, sommeil... Froid... Sommeil... Non, il devait résister, il devait survivre. Puis, peu à peu, alors que sa mémoire abandonnait, et cessait de le tourmenter avec ses visoins cauchemardesques, il tomba à plat ventre, face dans la poudreuse. Il avait sommeil, et froid, si froid. Du sang, partout...
Il ne se releva pas.